Comme annoncé, après avoir fini la formation et le passage devant le jury, je vais évoquer dans une série d’articles cette aventure et ce que j’en ai appris.
Au moment où il nous a été proposé de compléter le titre professionnel par les deux parties restantes, je me suis dit pourquoi pas, c’était l’occasion de boucler le titre professionnel en entier tant que cela était possible. Aujourd’hui que j’ai bouclé la boucle, je vois les choses différemment.
Je pense que pour nombre de mes collègues, se lancer à nouveau dans une formation n’est pas évident. Nous sommes déjà pris dans le flux du travail quotidien du médiateur/trice, avec peut-être en plus pour certains une action de veille, une action de création, des actions de reporting. Bref ajouter à tout cela un temps supplémentaire et se replonger dans des temps de formation peut manquer d’attrait.
Pourquoi il est important de témoigner
Maintenant que je connais et que je comprends mieux l’intérêt des autres éléments du titre REMN, il me semble important d’expliquer, de témoigner de l’intérêt et de l’importance de celui-ci. Je vais être parfaitement honnête, il m’est arrivé par moments de douter, de me questionner sur le fait de m’être lancé dans cette formation. Parce que c’est une charge supplémentaire de travail, et parce que sans avoir commencé à travailler de façon appliquée sur un certain nombre d’éléments que j’ai appris, ceci n’avait pas autant de sens.
Je pense donc que cet article pourrait peut-être permettre à ceux qui se posent la question de passer le pas, de se dire que peut-être je vais finalement tenter la chose. En effet je me dis que peut-être, si j’avais eu la possibilité avant de me lancer, j’aurais été plus convaincu.
Ccp1, CCP2, CCP 3, c’est quoi ces acronymes
Si vous n’êtes pas conseiller numérique, le titre pro REMN ou les termes CCP1; CCP2, CCP3 n’ont probablement pas trop de sens pour vous.
Un titre professionnel c’est une certification qui atteste que vous possédez les compétences nécessaires pour exercer un métier ou une fonction spécifique. Ce titre est reconnu par l’État et souvent obtenu après une formation ou une expérience professionnelle. Les titres professionnels sont inscrits au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP).
Concernant les conseillers numériques, il s’agit du titre pro Responsable d’espace de médiation numérique.
Le responsable d’espace de médiation numérique gère, anime et développe un espace collaboratif de type tiers-lieu (espace public numérique, fab lab, espace de coworking, etc.) proposant des actions destinées à favoriser les usages et pratiques autonomes des technologies, services et médias numériques de larges publics. En lien avec les acteurs de son territoire, il facilite la création de projets coopératifs construits autour de communautés d’intérêts.
Source : https://www.francecompetences.fr/recherche/rncp/34137/
Ce titre pro se découpe en 3 niveaux de compétences, les CCP1, 2 et 3
Pour exercer en tant que conseiller numérique, il faut avoir à minima réussi l’examen attestant des compétences du CCP1
CCP 1 : Accompagner différents publics vers l’autonomie dans les usages des technologies, services et médias numériques :
- Élaborer des programmes d’actions de médiation facilitant l’appropriation des savoirs et des usages numériques
- Concevoir et produire des ressources pédagogiques et documentaires pour différents supports
- Accueillir différents publics, les informer et proposer des actions de médiation numérique
- Préparer et animer des actions de médiation individuelles et collectives dans différents environnements numériques
CCP 2. Contribuer au développement d’un espace de médiation numérique et de ses projets :
- Effectuer un diagnostic de territoire des besoins numériques
- Contribuer au développement et à la pérennité financière d’un espace de médiation numérique
- Développer des partenariats et des collaborations avec des acteurs du territoire
- Promouvoir un espace de médiation numérique et ses projets par une communication multicanale interne et externe
CCP 3. Contribuer à la gestion d’un espace de médiation numérique et animer ses projets collaboratifs :
- Contribuer au suivi administratif et comptable d’un espace de médiation numérique
- Assurer l’entretien et la maintenance du matériel numérique d’un espace de médiation numérique
- Faciliter et accompagner des projets collaboratifs dans des communautés physiques et à distance
Pour exercer en tant que conseiller numérique, il faut avoir à minima réussi l’examen attestant des compétences du CCP1. Cela correspond surtout à savoir mener des actions de médiation, des ateliers, accompagner des publics et cela correspond à une très grande partie du travail de médiateur. C’est un travail déjà très riche et varié, tout le monde n’a pas nécessairement envie d’aller plus loin ce que je comprends parfaitement.
Les CCP 2 et 3 permettent plus à mon sens de développer des compétences de chef de projet. Mais ils sont aussi très complémentaires de ce travail de médiateur/trice.
Les CCP 2 et 3, pourquoi en aurais-je besoin…
Oui en effet, la question de pourquoi aller au-delà des actions que nous menons déjà est aussi pertinente que le contraire. Ce n’est pas seulement une question d’appétence pour le travail que pourrait mener le Responsable d’un Espace de Médiation Numérique, mais surtout pour les possibilités que permet cette formation.
Si l’on se concentre uniquement sur le côté “gestion” (projet, équipe, budget) on risque de passer à côté de plusieurs éléments qu’offre cette formation et sur lesquels je reviendrais dans différents articles dédiés à chaque partie.
C’est probablement l’un des freins à s’engager dans cette formation et pourquoi je veux écrire dessus. La diversité des postes, des structures, des actions menées, des carrières, des profils mais aussi des raisons pour lesquelles on s’est lancé dans la médiation numérique… Tout cela fait qu’il y aura autant de réponses différentes à vouloir passer l’intégralité du titre (au-delà du fait que pour certains c’est ce format complet du titre qui leur a été proposé comme unique format de formation).
Pour ceux assez nombreux qui sont déjà en poste, qui n’ont que le CCP1, la question se pose. Il n’y a rien d’obligatoire, la formation initiale s’est plus ou moins bien passée, on est déjà dans une pratique qu’on apprécie et qu’on maîtrise plus ou moins. L’instabilité du contrat et la visibilité limitée sur la pérennité du poste, oui… ça fait beaucoup.
Certains de mes collègues de formation ont vu leur contrat se terminer alors que nous étions encore en formation… Les raisons de se poser la question de pourquoi j’y vais sont encore plus évidentes les concernant.
Pourtant j’ai envie de parler de compétences qui pourront être transposables dans le futur, au-delà de l’expérience de médiateur. Je ne prendrais comme exemple que celle du développement d’un réseau de partenaires. Ces partenaires avec lesquels vous aurez peut-être l’occasion de développer un projet, une action, de vous connaître… Seront peut-être vos futurs collègues ou les futurs relais de votre recommandation auprès d’un prochain employeur.
Il ne s’agit pas que de compléter un titre professionnel ou acquérir des compétences mais de faire évoluer notre pratique, car cet enrichissement de notre pratique aura du sens au-delà du temps présent.
… Au delà des compétences, une posture, une vision différente
Parmi ceux qui l’ont réussi, il y a la question qui revient souvent est : je vais en faire quoi de ce diplôme ?
Cette question peut en effet se poser, car être responsable d’un espace de médiation numérique c’est quelque chose de plutôt rare, il existe beaucoup plus de médiateurs que d’espaces de médiation. Surtout que ces derniers temps avec des difficultés de financement, des lieux comme les postes se raréfient.
Pour autant, Je me dis que c’est aussi un projet, dans nos structures ou plus tard si nous continuons dans cette carrière, de développer de tels espaces. Quand bien même la période actuelle ne rassure pas quand au devenir de la médiation numérique, les besoins existent, les besoins se développent, et ces espaces existeront peut-être si nous travaillons à les rendre possibles.
Pour autant ce n’est pas qu’une question d’espaces.
En effet, il faut se détacher un peu de la posture de médiateur pour aller vers celle de responsable, c’est-à-dire de ne plus seulement être celui qui fait et qui accompagne mais aussi celui qui va organiser, gérer, des équipes des projets du temps, des budgets. Cette posture n’attire pas tout le monde, à la fois parce que l’on n’est peut-être pas venu chercher le contact avec le public avant tout, et que l’on peut avoir le sentiment que gérer un espace de médiation numérique va être plus un travail administratif qu’un travail de médiation. Cette idée n’est pas totalement fausse, mais c’est une vue réductrice.
Rencontrer des partenaires, développer des projets, dans toute leur complexité mais aussi dans toute leur richesse, c’est aussi cela l’intérêt de ce poste.
Oui, il faudra gérer un budget, mais cela donne un aspect concret, cela amène à avoir une vision réaliste de ce qui sera possible de faire ou pas.
Oui il faudra aller chercher des financements, mais ce travail c’est aussi rendre possible ces projets.
C’est aussi développer un espace où d’autres médiateurs pour intervenir, c’est créer un lieu et un possible.
Encore une fois cette vision se construit dans la durée et le doute sur notre continuité est normal. Apprendre à trouver des financements, savoir travailler avec des partenaires, monter un projet, tout cela est un enchaînement et pourrait être la réponse à cette question du maintien de notre action.
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