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L’inspirant forum Res’in 2024

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Comme chaque année depuis 4 ans, se tient en automne le Forum Rés’IN, porté par le réseau du même nom, qui correspond à réseau d’inclusion numérique de la métropole de Lyon. Je ferai à l’occasion un article sur Résin et le réseau, mais aujourd’hui je vais vous faire mes retours sur le forum et ce qui m’a inspiré.

 

Accès forum Resin 2024

 

Un thème qui me parle : la confiance

 

Cette année, j’étais très en phase avec la thématique choisie, celle de la confiance. Cette question est souvent centrale dans mes articles, mes échanges de pratique, mes réflexions. Autant dire que j’étais sur un sujet qui m’intéresse.

La rencontre a commencé par un exposé très intéressant de Nicolas Fieulaine, chercheur et enseignant en psychologie sociale sur cette notion de confiance. Et il y a en effet beaucoup à dire sur tous les aspects de cette confiance, mot valise qui porte en lui plusieurs sens notamment lorsqu’on est un médiateur ou une structure publique. Car sans cette confiance, l’action n’est pas possible ou n’est pas acceptée.
L’un des points qui était le plus intéressant était la différence qu’il faisait cet intervenant entre les deux termes anglais celui de confidence et celui de Trust. Confidence correspond plus à quelque chose d’attendu socialement car dans les codes, la rupture de cette confidence serait socialement coûteuse. Elle est plus considérée comme acquise. Trust est une confiance plus transitoire, je dirais même plus transactionnelle, elle est un pari, un ressenti. Il s’agit plus d’un choix de faire confiance.  Cela correspond peut être mieux à décrire notre relation médiateur – public, celui ci faisant le choix, le pari de nous confier sa situation, sa difficulté parce que la confidence en l’organisation (administration) n’est pas ou n’est pas ressentie.

Son travail sur les enjeux psychosociaux de la confiance est particulièrement intéressant et éclairant et je pense qu’introduire ces concepts et la psychologie sociale dans la formation des médiateurs serait sûrement pertinente (je dis ça pour toi Yann Vandeputte)

La confiance demande à être renforcée tout le temps, elle est le corollaire d’une inquiétude à laquelle il faut répondre, car la confiance est un sentiment intime,diffus, “climatique parfois” dit il  fondé à la fois par les liens créés mais aussi fondé sur les expériences passées. La confiance dépend de l’expérience passée… et nous savons quand ils viennent vers nous que cette expérience passée n’est pas souvent positive.

La confiance est un état psychologique qui fonde l’action, sans confiance, pas d’action et il met en avant l’importance et la force du langage dans cette confiance. Cette question du langage que nous allons retrouver dans l’intervention d’Estelle Hary ensuite, notamment dans la formulation et le design des interfaces de communication de l’administration. Par interfaces, j’entends aussi bien le formulaire (papier ou numérique), les éléments de langage dans les courriers, mais aussi les modes de communication. Elle cite d’ailleurs à un moment un retour d’un administré concernant un sms reçu deux semaines avant la fin de la période déclarative.  Ce sms, reçu un dimanche après midi faisait suite à une communication de la DGFIP qui disait… qu’ils n’utilisaient pas les sms, qu’il fallait donc s’en méfier s’ils étaient contactés par ce biais. En plus du stress généré… et de recevoir ce genre de relances sur un temps dominical. Autant dire une très mauvaise expérience utilisateur.

A contrario, elle cite le site service-public.fr qui est un travail positif de l’administration publique qui cherche à communiquer efficacement notamment depuis une évolution récente qui est de partir de situations de vie (naissance, déménagement, décès) pour guider les personnes dans les démarches à faire.

Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus sur ces conférences, après avoir posée la question à Res’in, des replay sont prévus et je les rajouterais à cet article une fois disponibles

 

 

Transparence des algorithmes et utilisation des données

 

Outre cette ouverture sur le sujet de la confiance, j’ai fait ma sélection dans les autres temps proposés, et j’ai pu écouter deux personnes que j’avais déjà entendues dans un webinaire de datactivist.

Sur la transparence et la responsabilité algorithmique

Si son intervention nous rappelle quelque chose c’est que l’algorithme n’échappe pas à la loi mais qu’il échappe parfois à ceux qui les utilisent et ne sont pas toujours en contrôle de ceux-ci. Justine Banuls, élève avocate et ancienne de datactivist a surtout insisté sur notre capacité d’agir lorsqu’une décision par une administration a fait l’objet d’un traitement algorithmique et de comment réclamer une explication de la décision.

C’est explicabilité de la décision qui nécessite une explicabilité, une compréhension du traitement et du fonctionnement algorithmique. Car pour pouvoir contester une décision il faut en connaître les ressorts. Et dans ces boîtes noires que sont les algorithmes publics de certaines administrations, il est dur de les trouver. Mais encore faut-il savoir qu’on a fait l’objet d’un tel traitement…

Et lorsqu’il est demandé des explications, celles-ci ne viennent pas voire dans le cas d’une contestation d’une décision en Angleterre je crois, plutôt que de répondre, le système utilisé a été abandonné. En France, sur ces questions il y a bien le travail de la quadrature du net ou la possibilité de demander à la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs, une autorité administrative indépendante), mais on ne le sait que trop bien, les explications ou les réponses ne viennent quasiment jamais.

Certes en droit il existe des principes pour réclamer cela dont le droit à l’explication, des textes comme le RGPD ou bien la loi informatique et liberté… Mais si la réglementation européenne se préoccupe des données personnelles, la loi informatique et liberté est elle limitée à l’informatique, pas aux traitements par des algorithmes.

Heureusement quelques initiatives telles que celle du département de l’ile et vilaine qui a mis en ligne son inventaire : https://data.ille-et-vilaine.fr/dataset/recensement-des-traitements-algorithmiques

Rappelons quand même que c’est une obligation pour les acteurs publics édictée par la loi pour une République numérique  depuis 2016.

 

 

L’open data ce n’est pas que pour les gros geeks (et les collectivités)

 

Enfin pour terminer cette matinée très riche et remplie, “Donner ses données, réutiliser c’est gagner” parlait plutôt à un public de collectivités car les questions de données évoquées concernaient plutôt celles produites celles-ci, ce qu’on appelle l’open data sur laquelle la France est en pointe. 

Et sur cette question Samuel Goëta est une référence (je vous recommande au passage la lecture de son excellent livre “les données de la démocratie”. Les données pour mieux comprendre et connaître le territoire, pour rendre les décisions plus compréhensibles et acceptables. Les questions qui étaient posées tournaient autour de la production et de l’utilisation de cette donnée publique et en cela la charte de la donnée de la ville de Nantes, représentée par Francky Trichet est précurseure. J’ai particulièrement aimé sa notion de “contre démocratie”, dans le sens d’une donnée publique ouverte comme contre pouvoir.

A Lyon, c’est un chantier qui est aussi engagé comme le disait la vice présidente Emeline Baume de Brosses qui évoquait la charte en construction à la métropole qui certes intéressait les décideurs mais aussi quelques “gros geeks” parce qu’il est vrai que la donnée publique peut être un peu “sèche”.

L’angle mort de cette réflexion (à cette occasion) était pour moi le citoyen même s’il était évoqué comme pouvant être le récipiendaire ou l’acteur de ces données, mais seulement dans une perspective de validation de choix de politique publique. Mon idée que j’ai été directement évoquée avec la vice présidente et Samuel Goëta c’est celle de rendre plus perceptible cette donnée publique aux publics justement. J’ai commencé à le faire via l’application Cartes IGN, première base du projet de créer une médiation et une culture numérique autour de la donnée, une vision que j’exposerais dans un article prochainement.

Sinon l’open data restera un sujet entre initiés, entre “gros geeks”.

 

 

Des temps pour nourrir  le médiateur que je suis

 

Non, je ne parle pas du moment du repas qui est toujours un moment pour discuter avec les uns et les autres et reconnecter avec d’autres médiateurs mais de moments qui ont nourrit ma réflexion (encore oui)

L’après midi était l’occasion de travailler sur un autre sujet qui était doublement utile me concernant puisqu’il s’agissait de réfléchir à comment “lever les freins à la réalisation de démarches en ligne !” Cet atelier encore une fois était plus destiné aux collectivités mais après avoir posée la question à ses organisatrices (noms) la présence d’un médiateur leur a paru intéressante et je les en remercie ! 

L’idée était surtout d’étudier ces freins, et en cela beaucoup d’entre eux ont été évoqués, je n’ai pas eu à compléter grand chose. Deux choses que j’ai appréciées dans cette table ronde, tout d’abord la conclusion : il faut plus de médiateurs !

Celle- ci était partagée par toutes les tables, et en tant que médiateur j’ai aimé cette réponse (même si cela restera un vœu pieux probablement).

J’ai évoqué pour l’avoir ressenti dans les discussions, le besoin de formation des accueils des lieux d’accueil aux publics concernant la redirection vers ces mêmes lieux de médiation. J’ai aussi apprécié le fait que ce travail pourra se poursuivre au-delà de ce temps de rencontre, j’y reviendrai en fin d’article.

Pour terminer cette journée, j’ai choisi un temps dédié à la parentalité car si mes publics sont principalement adultes, c’est un sujet central pour les actions d’un centre social et au-delà un sujet qui m’intéresse. Je suis donc allé écouter ce qui se disait lors de “Parents, enfants et numérique : comment passer à l’action ?”

Si le titre ne correspondait pas tout à fait à un passage à l’action, il y a eu du partage d’actions, notamment de la part de mon collègue de la Rayonne qui présentait des ateliers menés avec ou sans d’autres structures de son territoire. C’était aussi l’occasion de découvrir un retour très intéressant des réflexions de la “nouvelle” émanation de Fréquence École, Futur Composé, leur pôle  de recherche (qui existe depuis 2022) . Et c’est Dorie Bruyas qui présentait, mélangeant allègrement et avec humour les retours de cette analyse et son expérience de maman. Et sur certains sujets, je m’y retrouvais tout à fait, par exemple dans la nécessité de comprendre les usages numériques de ses enfants (le ban hardware en est un très bon exemple) mais aussi en ricochet le design des applications ou jeux vidéos. Sans comprendre les contraintes qu’ils ne maîtrisent pas toujours eux même, comment interagir avec un ado par exemple ?

 

Ce que ça m’inspire comme toujours : 

  • partager les pratiques ados/parents sur des temps partagés, ça se construit, ça s’imagine avec les ados notamment
  • L’interaction avec les parents c’est aussi ne pas les laisser être cantonnés dans des rôles et des responsabilités qui leur sont imposés par les discours médiatiques
  • Un continuum d’acteurs dans la parentalité numérique, mais cela vaut en fait pour d’autres questions de médiation numérique et en cela les interventions lors de ce forum sont autant de ressources sur lesquelles il faudra s’appuyer

 

Au delà du forum

 

La poursuite des actions initiées lors du forum mais aussi lors des rencontres c’est quelque chose que je pense depuis longtemps, au delà des structures, des financements, des agendas, comment constituer des groupes de travail auxquels on accorderait une pertinence si ce n’est qu’au travers d’un financement projet à plusieurs acteurs?

 

Pour completer : les documents projetés lors de ces temps, mis en ligne par Res’in

 

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