Lorsque je conçois des actions, le numérique n’est parfois qu’un prétexte pour faire autre chose. En 2023 à l’occasion de la Semaine bleue, j’ai utilisé les intelligences artificielles génératives pour créer du lien entre seniors et des enfants entre 6 et 10 ans au Centres Sociaux Fidésiens.
Pour ceux qui ne connaissent pas, la semaine bleue c’est la :
Semaine nationale des retraités et des personnes âgées, la Semaine Bleue a pour vocation de valoriser la place des aînés dans notre société et l’importance des liens entre les générations. Chaque année, des milliers d’actions sont organisées sur tout le territoire autour d’une thématique.
Source : https://semaine-bleue.org/pages/decouvrir-la-semaine-bleue-10.html
Pourquoi utiliser des intelligences artificielles
A un moment où les intelligences artificielles commençaient déjà beaucoup à faire le buzz, un certain nombre de personnes souhaitaient que je propose un atelier leur permettant de comprendre de quoi il s’agissait à ce moment-là c’est surtout Chat GPT qui fait des une de la presse, un peu midjourney
Il y avait alors déjà beaucoup de questions, d’interrogation par rapport à ce que ces outils pouvaient faire, ainsi qu’une compréhension assez approximative de comment fonctionne ces systèmes. L’idée première était de créer un atelier qui présente à la fois une partie historique pour comprendre d’où vient le terme intelligence artificielle et que ces systèmes ne sont pas nouveaux, puis une partie usage pour faire comprendre comment l’intelligence artificielle est déjà présente dans un certain nombre d’aspects de notre vie sous différentes formes et d’expliquer surtout que Chat GPT n’est qu’une partie émergée de l’iceberg. une dernière partie ensuite pour expliquer les problématiques que commence à déjà à poser ces systèmes en termes de droit d’auteur, en termes de données personnelles, en termes d’hallucinations, ce joli mot pour parler du fait que les intelligences artificielles peuvent raconter n’importe quoi
C’est justement cette partie, cette capacité à inventer qui m’a intéressé dans ce projet au-delà des explications sur le fait que chat GPT “prévoit” le texte plutôt qu’il ne le “pense”. En très simplifier j’explique que ce système génératif calcule quel est le mot le plus probable dans la phrase basée sur les grandes quantités de données sur lesquelles il s’est entraîné, le tout dans un espace vectoriel. Cela a surtout permis d’expliquer et de faire le lien avec l’histoire de la traduction automatique qui a connu une réelle évolution en 2017 avec l’utilisation de la technologie des “transformers” par Google qui est à l’origine des capacités de ChatGPT aujourd’hui. En effet, si un mot dans une langue peut avoir plusieurs sens, il est compliqué de ne fonctionner qu’en “mode dictionnaire”. La capacité à analyser par la proximité d’un mot et d’un sens plutôt qu’un autre
Une petite explication (en anglais… mais il y a des sous titres en français… de Sorbonne université :
Les Transformers sont une nouvelle famille d’architecture de réseaux de neurones. Ils ont été présentés dès 2017 dans un article intitulé « Attention is all you need » par Vaswani et al. et ils se sont depuis largement répandus. À l’origine, ils ont été proposés pour la modélisation de séquences spécifiquement pour la traduction automatique : mais dernièrement, ils sont utilisés dans de nombreuses autres applications telles que l’analyse de séquences biologiques, la génération de gestes de robots et ils ont même été entraînés à jouer aux échecs et à détecter des attaques malveillantes par déni de service.
Vous vous demandez probablement ce qu’est une attention, alors avant de nous plonger dans l’architecture, prenons une seconde pour voir ce que c’est. Si nous traduisons de l’anglais au français, l’attention consiste à répondre à la question « Sur quelle partie de l’entrée dois-je me concentrer ? ». Le mécanisme consiste à apprendre à pondérer la relation entre chaque élément de la séquence d’entrée et les éléments de la séquence de sortie. Self-attention (auto-attention) est l’attention à l’égard de soi-même. Dans ce cas, la question à laquelle nous voulons répondre est « Quelle est la pertinence du Xième mot de la phrase par rapport aux autres mots de la même phrase ». Pour chaque mot, nous avons généré un vecteur d’attention qui capture les relations contextuelles entre les mots de la phrase. Par exemple, si nous disons « le chat est assis sur le tapis » nous pouvons établir la relation entre chaque mot, comme le montre la matrice. Les valeurs de ces matrices sont initialement aléatoires, puis mises à jour au fur et à mesure que le réseau s’entraîne.
Oui, ça n’est pas ultra clair pour nous tous, mais on comprend à demi mots ce que cette idée permis ensuite.
C’est donc un peu le croisement entre cette date et cette demande qui m’ont amené à imaginer un atelier mêlant intelligence artificielle et intergénérationnel.
Puisque les intelligences artificielles inventent, alors inventons !
L’idée de cet atelier est fondamentalement d’écrire une histoire et de l’illustrer, de façon de l’utiliser sur lequel le système peut être pertinent. Pour celui qui souffre du syndrome de la page blanche chat GPT est un outil salvateur.
L’idée est donc de demander aux seniors qui participent à cet atelier sur l’intelligence artificielle d’écrire un texte, une histoire, ils reprennent la thématique de la semaine de 2023 qui était quel monde demain.
Cela a été l’occasion de leur expliquer ce qui était un prompt, comment demander à une intelligence artificielle de créer ce que vous lui demandez.
Nous avons donc commencé par lister les éléments que nous voulions dans l’histoire, le type de personnages qui devait intervenir, le style d’écriture, les éléments que nous souhaitions d’intégrer.
Si la partie intellectuelle a beaucoup intéressé les participantes, la partie créative les a beaucoup amusés. Après quelques itérations nous tenions une histoire qui était plutôt plaisant à lire, avec quelques retouches.
La semaine suivante, c’est le temps de la rencontre avec le groupe d’enfants entre 6 et 10 ans du centre social. Malheureusement les participantes ne peuvent pas être présentes, mais le texte est prêt, je vais donc travailler avec les enfants pour illustrer certains passages de l’histoire avec des images générées par DALL-E
Tout d’abord les enfants sélectionnent les passages qu’il souhaite illustrer. Je leur explique ensuite comment on doit poser la question à l’intelligence artificielle pour lui expliquer ce que l’on attend d’elle. Pour eux c’est très ludique, l’idée que l’ordinateur va créer des images à partir de mots c’est un peu magique. Je fais une rapide et simple explication de comment ça marche, parce qu’il me paraît important que cet aspect magique ne soit pas la seule chose qu’ils retiennent de ce moment-là
Et c’est le moment de générer des images.
Pour chaque prompt, le système propose plusieurs images et les enfants vont choisir celle qui leur plaisent le plus. Parfois on va demander au système de nous en proposer plus parce que les premières ne correspondent pas toujours, on va donc voir que demander les choses un peu différemment change le résultat.
Une fois les images générées, nous allons intégrer celle-ci dans le texte, puis imprimer cette histoire et ces images au format A3 et les afficher dans le centre social.
Chacun des groupes a passé un bon moment, ce qui était l’un des buts visés.
Même si la rencontre que j’avais prévue entre les enfants et les seniors n’a pu se faire sur cet atelier, cela a tout de même été un moment partagé ensuite, avec les familles qui sont venues regarder les images et l’histoire, avec les seniors qui sont venus regarder ce que les enfants avaient créé à partir de leur histoire
L’intérêt fondamentalement de cet atelier était de faire découvrir l’outil. De rendre celui-ci utile à la finalité qui était de partager un moment entre seniors et enfants. Ce n’était pas tout à fait un prétexte, ce n’était pas tout à fait un temps intergénérationnel, mais cela a été un exemple de ce qu’il est possible de faire pour faire découvrir cette technologie aux uns et aux autres.
Laisser un commentaire